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JETS DE LECTURES VAGABONDES

fragment d'un tableau de Twombly - sans titre - 2007

fragment d'un tableau de Twombly - sans titre - 2007

Un atelier d'écriture quel qu'il soit, nécessite que je parle de mes lectures, des joyaux que je découvre au fur et à mesure.

1) lecture et écriture d'un fragment de tableau

En couverture, j'ai mis un éclat d'une oeuvre de l'artiste américain Twombly, Sans titre, 2007. (Acrylique, crayon à la cire et crayon de couleur sur panneau de bois). Ce choix montre que  le geste et l'écriture sont intimement liés. La force du geste, dans son élan ne s'embarrasse pas  de conserver la forme d'une fleur (comme écrasée, éclaboussée) ni de rattraper les coulures. La puissance de l'élan est ce qui compte. Le sentiment qui s'en dégage est violent, les couleurs contrastées.

"Twombly dit à sa manière que l'essence de l'écriture, ce n'est ni une forme ni un usage, mais seulement un geste, le geste qui la produit en la laissant traîner : un brouillis, presque une salissure, une négligence". (in préface de Roland Barthe du catalogue raisonné des oeuvres sur papier de Cy Twombly (1979). L'artiste semble ne pas vouloir achever son oeuvre, au sens où on l'entend, c'est à dire à achever une forme (ici des fleurs) et lui préférer le mystère et la force de  l'intention de départ, qui crée le mouvement vers la vie ou vers sa décomposition. Ainsi l'élan est intact jusqu'à la fin.

Pourquoi raconter tout cela ? Quelle est la relation avec l'atelier d'écriture ?  Le tableau dans sa finitude, ses limites spatiales, variables à l'infini, devient un atelier en soi, où s'inscrivent  des signes, des couleurs, des lumières, des émerveillements qui viennent se mêler à des lectures, des voyages, des observations, comme la littérature.

Mon atelier d'écriture, je le voudrais dans ce format poétique, qui permet des fragments, des éclats de lectures, partout où nous pourrons nourrir cet élan vers une création écrite. L'atelier en lui-même emplit nos pensées, oriente nos lectures, et sa cohérence nous apparaîtra et nous sera révélée. Alors les notes prises  dans nos carnets, nos observations, nos souvenirs, les livres que nous avons lus s'ordonneront selon un ordre qui pour nous, fera sens. (Le sens étant proche et indissociable de la sensibilité qui nous est personnelle, et qui peut s'affiner, s'aiguiser).

Je vais bien sûr vous proposer des lectures, que vous pourrez vous approprier, et rajouter à vos expériences et que nous pourrons partager.

Pour le moment, vous ne voyez pas bien où je veux aller. Je ne vous donnerai jamais d'injonctions, de restrictions, de limites, je ne vous donnerai pas non plus de "trucs", de "prêt-à-écrire", de trousses à outils d'écriture.

Je ne vous donnerai pas non plus "d'il faut que", car le problème reste entier pour porter un regard neuf sur la langue, quand celle-ci semble de plus en plus formatée, et semble de plus en plus une langue usée par un espace public lui aussi formaté et lissé. (auquel on enlève toute aspérité, coulure, salissure).

2) Lectures de quatrains

François Cheng "Enfin le royaume" Gallimard

Par sa forme brève, le quatrain rythme le flux de la pensée, de l'émotion, de la surprise. Il s'intéresse plus à comment initier un questionnement, amorcer une méditation, esquisser un chant. Le pouvoir des quatrains semblent ainsi résider dans ce commencement, cette origine, cette amorce de méditation. Notre pensée reste suspendue et cherche à nouveau dans le quatrain suivant la naissance de ce moment délicat (ce que j'appelle l'élan).

A ceux qui habitent la poésie,

Tu ouvres les volets, toute la nuit vient à toi,

Ses laves, ses geysers, et se mêlant à eux,

Le tout de toi-même, tes chagrins, tes émois,

Que fait résonner une très ancienne berceuse.

 

Au crépuscule, la nature exténuée

S'abandonne. Quelques corbeaux affamés

Picorent encore les restes du jour

Dans l'assiette ébréchée du couchant.

 

Vers le soir, abandonne-toi

à ton double destin :

Honorer la terre, et faire signe

aux filantes étoiles.

 

Silex du geste sans miroir,

     silex du rire sans écho,

Solitaire ombre debout

     contre la nuit sidérale.

 

Essayez de composer ainsi un quatrain, qui jaillira d'un moment  particulier de la journée où vous voudrez noter ce que vous observez  dans cet instant.

Envoyez-moi vos créations de plumes ...

 

 

 

 

 

 

 

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