Que désirez-vous ?
Commencez par ces mots : Je voudrais simplement ...
Poussez la porte de ce jardin, et entrez. Que trouvez vous derrière cette porte qui vous empêche de voir, de poser votre pied et de sentir la terre un peu humide, les herbes folles, la chaleur de la lumière sur votre peau ?
Avez-vous envie de pousser cette porte ? Avez-vous envie de savoir ce qui vous anime, vous remue, vous touche, vous inspire et vous aspire ?
J'ai lu ou j'ai entendu, je ne sais plus, que sans désir, il n'y a pas d'écriture. Depuis le début de ce blog je creuse ce sillon qui traverse l'écriture de part en part.
Envoyez-moi vos émois, vos débats, vos arabesques et entre-chats, vos couleurs, vos senteurs, écrivez d'une patte de velours, ou avec vos griffes, mais écrivez ... Dans quelques jours, j'ouvrirai également la porte de ce jardin et vous emmènerai là où "je voudrais simplement .... ".
Ecoutez-vous, entendez ce que vous dit votre voix, vous murmure, vous susurre, vous crie.
Envoyez : poèmes (prose, vers, calligrammes), histoires courtes ou longues, découpages, collages, photos ...
Je vous donne quelques vers d'une jeune poétesse, née en 1990 à Clermont-Ferrand. Elle cueille des moments de vie, des rencontres improbables,en des lieux qui n'en sont pas vraiment (devant l'enseigne ...), où le quotidien et "l'histoire" concordent dans la discordance, ou le banal prend des airs de "road-movie", de roman de voyages, avec leurs odeurs tenaces (les parfums de ciment, l'odeur d'huile de friture) et les images qui s'accrochent (ses cheveux ras, gris retenaient l'eau).
C'est Cécile Coulon, elle a écrit "Les Ronces" (c'est à cause de ce titre que j'ai acheté ce livre). Les ronces ont aiguisé mon envie de goûter les mots engendrés par ces plantes des chemins, ébouriffées et qui font mal.
Elles griffent et égratignent les jambes ou les mains de ceux qui veulent attraper les mûres dans les chemins. Et ici les chemins serpentent peut-être en Auvergne.
Le premier poème s'appelle :
"Je voudrais vous offrir des frites"
Il fait quatre pages et demi, je ne choisis que quelques vers :
...
Quand ils ont payé, le patron m'a lancé
"pardon pour l'attente"
alors que je venais d'arriver et ça m'a fait sourire;
"une barquette de frites avec du ketchup,
ça marche,
vous pouvez attendre à l'intérieur"
alors j'ai attendu, debout, contre le réfrigérateur,
devant les bacs de salades vides.
C'est là qu'un homme, trempé jusqu'aux os,
est arrivé.
Je me suis poussé pour le laisser passer :
Ses vêtements dégageaient un parfum de ciment
et d'alcool bon marché, ses cheveux ras, gris,
retenaient l'eau
comme la surface des champs à quatre heures
du matin.
Il a commandé.
....
Dans mon dos, le réfrigérateur ronronnait.
Un léger sourire s'est installé, naturellement,
entre mes fossettes.
Sur le comptoir, mes frites étaient prêtes, bien
empaquetées. J'ai sorti une pièce de deux euros
et l'homme tout mouillé m'a dit :
J'aimerais vous offrir des frites,
si ça ne vous dérange pas.
J'ai soupiré et laissé ma pièce entre lui et moi.
Puis j'ai tendu la main. Il l'a serrée.
Merci Monsieur.
...
A bientôt, sur les chemins de l'écriture ... Il y a un poème de Cécile Coulon qui commence ainsi :
Je voudrais simplement,
j'insiste, simplement,
une maison au bord
d'un de ces lacs en Auvergne
que je connais comme si
j'étais née à l'intérieur.
Dans cette maison .....
Ce poème a pour titre : La Maison