Aujourd'hui jour d'automne. Le grenadier attire mon regard de son éclat jauni. Les bananiers luisent comme cirés par les gouttes qui s'écrasent en sons mats et monotones. C'est un jour à rentrer en soi-même ...
Je m'assieds à ma table bistrot, et reviens sur cet article que j'avais écrit en janvier 2020, sur le langage du corps, la danse. La danse écrit et trace des signes que le langage parlé n'exprime ni ne décrit. Elle joue son rôle ineffable et indicible. La littérature peut atteindre l'ineffable entre les mots, par le son ou l'articulation des mots entre eux. Les sensations jaillies du silence prennent leur source dans ce qui n'est pas dit mais qui est présent.
La danse s'installe dans le geste et l'on peut se demander ce que devient le geste en littérature. Le geste peut être codé socialement ou libre, partant du corps lui-même, de son écoute.
C'est ainsi que je reviens sur "ce chemin d'écriture", possible et ouvert à l'exploration de ce qui est ... et qui répond à la question : "pourquoi dansez-vous ?" par "je danse tout simplement" (Cunningham) que l'on pourrait transposer à l'écriture.
Je m'arrête là, craignant le verbiage ou le verbeux qui ne dit rien, et vous propose un rendez-vous au théâtre de Nice, qui sera riche de réflexions et d'expériences diverses qui pourront nourrir l'imaginaire et notre "réel merveilleux", pour reprendre Giacometti.
Conseil artistique Rebecca Lasselin
Production R.B. Jérôme Bel Coproduction La Commune - CDN d’Aubervilliers, Les Spectacles Vivants - Centre Georges Pompidou - Paris, Festival d’Automne - Paris, Tanz im August - HAU Hebbel am Ufer - Berlin, BIT Teatergarasjen - Bergen, avec l’aide du CND - Pantin [accueil en résidence], MC93 – Bobigny et La Ménagerie de Verre - Paris [Studiolab - espaces de répétitions]
R.B. Jérôme Bel est soutenu par la DRAC d'Île-de-France, de l'Institut Français - Ministère des Affaires Étrangères et par l'ONDA.
Avec le portrait dansé d’Isadora Duncan, Jérôme Bel poursuit sa réflexion sur la dimension politique de la danse. Confrontant le passé des archives au présent de la performance, Isadora Duncan est l’occasion de contempler une pensée à l’œuvre.
La danseuse et chorégraphe américaine Isadora Duncan, pionnière absolue de la danse moderne, incarne une liberté nouvelle. Avec ses pieds nus, ses fines tuniques “à la grecque” et ses mouvements libres, c'est-à-dire affranchis de toute technique connue, elle imposa une nouvelle idée de la danse qui repose sur l'invention, l'improvisation et l'harmonie du corps et de l'esprit.
Avec cette pièce conçue pour Élisabeth Schwartz, Jérôme Bel poursuit la série des portraits de danseurs et danseuses, initiée en 2004, en se concentrant sur la figure d’Isadora Duncan dont elle est une spécialiste. Jérôme Bel découvre sous le personnage romanesque une chorégraphe visionnaire qui, par sa grande liberté d'expression privilégiant la spontanéité et le naturel, apporta les bases de la danse moderne, à l'origine de la danse contemporaine. Mêlant les registres discursif et sensible, moments parlés et solos dansés, le spectacle ravive le souvenir de la danse libre en associant le savoir chorégraphique à l’expérience du plateau.
Schwartz “enseigne“ le souffle propre à Isadora autant que la justesse de la chorégraphie.
Philippe Noisette, Les Inrockuptibles
Bel signe un nouveau portrait dansé. Il s’agit de mener l’enquête sur l’inventrice des danses libres. Bel la suit en questionnant l’autobiographie de Duncan et en ouvrant un dialogue avec Elisabeth Schwartz.
Ariane Bavelier, Figaroscope
Attitudes habillées
[Le Quatuor]
Chorégraphie Balkis Moutashar
avec Clémence Galliard, Balkis Moutashar, Sylvain Riéjou, Violette Wanty
Dramaturgie Youness Anzane Scénographie Claudine Bertomeu Lumière Samuel Dosière Costumes Natacha Bécet, Jasmine Comte, Christian Burle, Jennifer Chambaret, Shatamou Son Géraldine Foucault, Pierre-Damien Crosson Assistante à la chorégraphie Émilie Cornillot
Production association Kakemono Coproduction CCN de Nancy - Ballet de Lorraine [accueil studio 2020], CCN de Tours [accueil studio 2020], compagnie Système Castafiore - Grasse, avec le soutien de KLAP Maison pour la danse - Marseille, avec l’aide de la DRAC PACA, de la Région Sud PACA, du Département des Bouches-du-Rhône, de la Ville de Marseille et de l’ADAMI
Attitudes habillées [Le Quatuor] propose un voyage dans l’histoire du vêtement féminin et de son empreinte sur les corps. Des corsets, qui ont modifié organiquement le corps des femmes qui les portaient, aux coiffes démesurées ou aux chaussures à plateaux fantastiques créant l’illusion de corps immenses, le vêtement a dessiné au fil du temps des silhouettes parfois spectaculaires, influant sur les possibilités de mouvement et de déplacement de ceux qui les portaient, sur leur façon d’être au monde, engageant d’emblée le corps dans la représentation.
Attitudes habillées [Le Quatuor] se propose ainsi de mettre au jour – voire de réinventer – la mémoire que les corps contemporains portent de cette histoire : des générations de corsets et de faux-culs en métal ont-elles laissé des traces dans les corps et les imaginaires contemporains ? Que découvre-t-on des corps d’aujourd’hui en revisitant ces objets ? Le travail chorégraphique de Balkis Moutashar est empreint des multiples expériences qu’elle a traversées en tant que danseuse, passant de la danse contemporaine la plus abstraite aux revues de music-hall, de performances plasticiennes aux danses traditionnelles avec un même intérêt pour les gestes et les postures induits par ces différentes pratiques.
Attitudes habillées [Le Quatuor] démultiplie les objets comme les points de vue et provoque des rencontres concrètes, physiques, de corps, d’objets, d’époques et de mouvements. Elle est ainsi le lieu de l’appropriation et de la réinvention d’une mémoire à la fois intime et collective. Elle dessine une danse composite, comme sédimentée, qui raconte l’épaisseur de nos corps contemporains, autant que ses possibilités de réinvention permanente.
Une chorégraphie cousue de fil de soie.
Marie Godfrin , Zibeline
Look at video : Glimpses of Isadora Duncan of Film
Rappel de mon article sur la danse de novembre 2020 : comment les mots viennent aux hommes, chemin de méditation sur les mots, le geste, après avoir vu un film dansé sur Isadora Duncan.
La caméra de Damien Manivel filme au plus près de la force et du mystère de la danse. "la mère" donne un film rare, d'une grande pureté.
Avec : Agathe Bonitzer, Manon Carpentier (jeune élève) Marika Rizi (professeur) et Elsa Wolliatson (danseuse)
Mon blogue-Atelier se veut une réflexion sur la lecture et l'écriture. La lecture et l'écriture sont intimement liées aux autres arts dont elles peuvent se nourrir à l'infini des possibles et des variations.
Comment les mots viennent aux hommes, tel est le chemin de méditation en forme de question, de ce jour. C'est comme cela, je me demande toujours comment les mots (peut-être associés à l'expression de nos maux). Le français permet cette association grâce aux homonymes. Isadora Duncan danse, danse et cherche la justesse de ce qu'elle fait à partir de son élan vital, quelque chose qui jaillit du plus profond d'elle-même. Sans cesse elle expérimente, habite, vit la danse dans son corps et son coeur. La danse d'Isadora prend sens et lie ensemble le corps, (son berceau, son nid ou naît le sens de ce qu'elle fait) et le geste (qui en est l'esprit, le language et les mots). J'ai gardé le mot "homme", et je l'aime comme un berceau également. Il est économe (il rassemble hommes, femmes, enfants), il est beau, son genre est neutre, il ne signifie pas l'homme sexué, mais ce qui lie les hommes entre eux, sans aucune connotation , à la différence d'humanité, qui elle, est chargée d'affectivité, d'amour et de souffrance. Cet espace neutre permet une liberté.
En français, et dans les langues latines, le neutre n'existe pas en tant que tel, physiquement. Il se réfugie dans le masculin parfois , et parfois dans le féminin. Il serait intéressant d'étudier la part de féminin dans les mots signifiant un espace neutre par exemple le mot "humanité" qui regroupe, hommes, femmes, enfants et la part de masculin dans le mot "homme", lorsqu'il est neutre et qu'il couvre le genre humain. Dans les pays latins, le monde, la réalité ont été découpés en féminin et masculin. Dans les pays anglo-saxons et de langue allemande, le neutre existe et s'inscrit dans le langage. C'est le "it" et le "es". La réalité est découpée différemment, et sans aucun doute la grammaire nous fait entrevoir des réalités différentes, qui ont chacune leur raisons ou pas, leur manière de sentir les choses et de les exprimer.
Peut-être, les batailles actuelles dans l'espace public sur le genre, viennent-elles de cette confusion entre le monde anglo-saxon (ah! l'Amérique avec son troisième genre) et le nôtre (avec le masculin et le féminin gravés dans toutes les choses qui nous entourent), et d'un manque de réflexion sur notre langue et sur ce que les mots veulent dire sans prévaloir d'un jugement négatif quelconque qui fermerait tout questionnement.
J'en appelle à tous les experts à faire part de ce qu'ils ont observé sur ce fait de langue, et de le considérer comme une expérience à vivre, une expérience humaine. Bien sûr il faut garder à l'esprit qu'une réponse toute faite serait le naufrage de la question (Albert Camus). En fait c'est la question qui est ouverte et qui reste le vrai sujet et qui évitera tous les préjugés et les partis pris.
J'y reviendrai plus tard car ce n'était pas mon sujet du jour. Celui-ci s'est invité dans ma réflexion, et je l'ai laissé passer, car je pense aussi qu'il faut saisir le moment, l'opportunité d'écrire (cela fait partie de l'élan de départ, de la naissance de l'écriture, "des mouches à saisir au vol").
Mon sujet d'aujourd'hui est Isadora Duncan, danseuse hors norme, sur l'instant, dans l'âme du mouvement, prenant son élan de son existence présente, comme le mot que l'on saisit au vol (réf. voir mon article sur les pensées plumes de Louise Bourgeois, et les mouches qu'il faut attraper avant qu'elles ne s'échappent). Mais quel est son rapport avec le désir d'écrire ?
En janvier, j'ai vu deux films en rapport avec la danse, et je me suis posé beaucoup de questions, ce que le langage dansé, signifié (aux autres, sur la scène) signifiait ... Quel sens donner aux gestes inscrits sur la grande feuille blanche de l'espace. Les gestes sont silencieux mais ils parlent, ils crient , muets, des mots qui sortent du corps et y restent enfouis. Les mots lus ou écrits sont aussi des mouvements de l'âme, muets jusqu'à ce que quelqu'un les écrive, et les entende sur une scène, les emporte et les offre à quelqu'un d'autre. Et ainsi se forme une longue chaîne entre les hommes.
J'ai vu le très beau film de Damien Manivel, film-atelier, ni documentaire ni fiction, qui célèbre les pouvoirs de la danse, "Les enfants d'Isadora".
Agathe Bonitzer en est l'interprète. En 1913, Isadora Duncan perd ses enfants et crée un solo de danse, intitulé "la Mère" , afin de les laisser partir, s'éloigner d'elle. Un peu comme Moïse, déposé par sa mère esclave sur le Nil, vers sa liberté. Isadora offre, donne cette liberté à ses enfants morts. La gestuelle, cherchée et cherchée encore et encore, dit l'arrachement , le vide. Petit à petit, la gestuelle s'allège pour porter le poids de la tristesse. Surgit alors comme une réponse à la mort inacceptable, une grâce que seule la danse peut porter, une grâce presque consolatrice. La caméra de Damien Manivel filme au plus près de la force et du mystère de la danse. Cela donne un film rare, d'une grande pureté.
Avec : Agathe Bonitzer, Manon Carpentier (jeune élève) Marika Rizi (professeur) et Elsa Wolliatson (danseuse)
C'est le deuxième film que j'ai vu en janvier sur la danse :"Cunningham". C'est un film-documentaire d'Alla Kovgan, réalisatrice russe, qui découvre le travail de ce grand chorégraphe américain, extrêmement précis, presque mathématique. La pièce "Variations V" filmée par le réalisateur d'avant garde Stan Vanderbeek sur une musique de John Cage, a été pour elle une révélation. La vidéo devient un instrument de travail, pourtant Merce Cunningham ne se dit pas "moderne", d'ailleurs quelle importance ? "Mes danseurs et moi formons un groupe d'individus. C'est donc ce que nous sommes, sur scène comme dans la vie, des gens qui bougent".
Ce film m'a amenée à m'interroger sur le processus d'écriture. Car on pose la question à Merce Cunningham : "Why do you dance ? Do you want to express something, or a feeling, or a story ?"
Merce Cunningham répond :" I just do it and that's all". C'est ce constat, très pur et très simple, qui a confirmé le sillon que je creuse tous les jours sur l'écriture et qui peut également être une motivation pour vous : "just do it and that's all"
Pourquoi lisez-vous ou écrivez-vous ? Faut-il de bonnes raisons pour cela ? Certaines seraient-elles meilleures que d'autres ? Faites le et c'est tout. Les questions viendront après, en pratiquant les mots, l'écriture, la lecture. Expérimentez, goûtez, observez.
Commencez comme cela, écrivez. Etre dans son écriture comme l'on est dans la vie, comme on entre dans la danse.
Look at video Youtube : Variations V (1966) Merce Cunningham Company